jeudi 1 mars 2018

Nathanaël d’Anaïs Dariot


Nathanaël d’Anaïs Dariot

Broché:   192 pages
Éditeur :  Pygmalion
Parution :  22 novembre 2017
Collection : DOCUMENTS  
19€90


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"Mon fils chéri, sept années ont passé, sept longues années de souffrance. Moments de violences, moments d'espoirs aussi, moments de chutes et rechutes. Surtout, la honte d'un mal qu'on ne nomme pas..." Nathanaël, adolescent doux et fragile, a sombré au cours des années dans l'alcoolisme. Quand a commencé sa longue descente aux enfers ? Anaïs Dariot, sa mère, l'ignore et se sent responsable. Déchirée par la culpabilité, elle se débat pour sortir son fils de son addiction meurtrière. Nathanaël l'entraîne dans l'insupportable cycle des guérisons, des mensonges et des rechutes. Un inégal combat où l'urgence le dispute à la peur, la lutte au désespoir. Ce récit pudique et intime nous offre un salutaire rappel des pièges de l'alcool.



Mon avis: Je tiens à remercier tout d'abord La masse critique de Babelio et les éditions Pygmalion pour l'envoi de ce roman pour un partenariat. En effet lorsque j'ai parcouru la liste des romans disponibles lors de la dernière masse critique, je n'ai pas trouvé beaucoup de livres qui m'attiraient cette fois-ci mais celui-ci avait retenu mon attention à la lecture du résumé, une histoire d'un combat d'une mère face à l’alcoolisme de son enfant est un sujet grave dont je n'avais encore jamais lu de témoignage et j'avoue qu'il m’intriguait énormément mais me faisait un peu peur également car je ne suis en général pas forcément portée sur la lecture de témoignages de la souffrance des gens, je trouve en règle générale qu'il s'agit un peu de voyeurisme et j'ai quelques appréhensions avec ce genre de littérature mais ce document écrit par cette maman est passionnant et émouvant.

La détresse qu'elle subit face à son fils unique qui se détruit malgré la lutte qu'elle mène pour le sortir de la déchéance dans lequel il se met est juste insoutenable et dans ce roman, Anaïs Dariot nous emmène vivre auprès d'elle toutes ses années de lutte, de désespoir et d'amour face à la maladie que subit au quotidien ce fils qu'elle aime tant mais qu'elle ne comprend plus.

Forcément, trois fois ça crée des habitudes, l'expérience
de la procédure : pompiers, pas pompiers, 
Samu, ambulance et pourquoi pas police ? Non,

maintenant lui et moi savons, Samu, en cas de désaccord.
Sinon, comme ce soir, nous nous sommes
entendus pour partir avec ma voiture.
En attendant le moment, je nettoie l'innommable
marigot de mégots et d'alcool coulé sur le sol. Ensuite,
nous irons tranquillement. C'est comme pour un
accouchement, si on arrive trop tôt, on attend et c'est
embêtant et si on arrive trop tard, c'est trop tard, il n'y
a plus le motif et Nathanaël ne voudra plus. La bonne
période c'est dans une demi-heure. Avant quoi, je
range de-ci de-là et mon fils tangue sur son corps de
coton, affairé dans sa trousse de toilette à préparer
quelques affaires pour pouvoir se raser demain. Se
raser, se laver et se changer aussi, parce qu'en psychiatrie,
on ne met plus de pyjama. On s'habille, on fait la
vie comme dehors. Comme si on y était, dehors.


Du coté de l'histoire: Anaïs Dariot est une maman aimante, séparée du père de Nathanaël, elle a refait sa vie avec Christian, elle a tout pour être heureuse, un métier qu'elle aime , un fils unique qu'elle adore mais voilà celui-ci est tombé dans l'engrenage de l'alcool lorsqu'il était adolescent et depuis ces dernières années, Nathanaël se détruit quotidiennement, Nous allons suivre avec une certaine émotion et beaucoup de tendresse, cette mère qui va lutter (mais parfois abandonner aussi) pour ce fils qu'elle aime tant. Entre les allées et venues en hôpital, les moments de doute et d'espoir nous allons parcourir avec elle quelques années de sa vie , un combat rempli d'amour , d'espoir , de doutes et de culpabilité face à une maladie qui détruit un fils mais aussi tous ses proches
Une lecture totalement en émotion

Mon fils, casser la gueule à cette sale gueule ?

Mon fils, ce Bambi fragile qui flotte au-dessus de
son corps ? Mon fils qui effleure la vie de peur de la
déranger ? Mon fils qui n'habite plus le corps qu'il
détruit à chaque souffle de vie qui pulse dans sa
tête ?



Du coté de l'écriture: J'ai vraiment été touchée par cette lecture et par toute la misère que pouvait enduré Nathanaël , lui le garçon unique qui face à l'alcool n'avait plus aucune volonté, lui qui a mainte reprises savait qu'il allait mourir à continuer de boire comme cela , qui demande de l'aide à sa mère impuissante face aux dégâts causés par la bouteille. Elle, qui lutte corps et âme pour ce fils qu'elle voit s'anéantir ainsi, qui lutte mais qui parfois est tellement désespérée qu'elle voudrait simplement vivre pour elle mais qui comme chaque maman ne peut abandonner la chair de sa chair. Elle le voit dépérir, s'enfermer sur lui même , combattre parfois mais vite être rattraper par l'envie de boire, de se détruire.
Les médecins qui font leur travail mais qui oublient souvent le ressenti de cette maman impuissante face à cette maladie, qu'ils lui explique qu'il faut qu'elle laisse son fils se débattre dans cette maladie mais qui peinent à comprendre qu'elle ne le peut pas, c'est au dessus de ses forces...
J'ai beaucoup aimé que ce récit n'ai en fin de compte aucun filtre, Anaïs Dariot nous livre son combat sans enjoliver les choses, elle nous décrit avec un réalisme exemplaire sa vie, sa lutte , ses doutes , ses espoirs et désespoirs avec une totale transparence alors c'est vrai dès fois on se dit qu'elle n'a pas le droit de baisser les bras et puis quelques lignes plus tard on se dit que bien évidemment elle a le droit , elle est humaine et peut face aux nombreuses situations d'échec qu'elle endure vouloir tout abandonner, qu'est ce qu'on ferrait nous si on était à sa place... mais en fin de compte , elle s'accroche quitte à perdre parfois la raison , elle lutte pour sauver ce fils qu'elle aime tant.

Le médecin de service accepte de garder votre
fils jusqu'à demain, mais ensuite il devra rentrer chez
lui. Nous avons déjà essayé l'hospitalisation libre deux
fois, mais sans suivi thérapeutique, c'est inutile. C'est
à lui de se soigner, ni à vous ni à moi, je suis désolé.
S'il ressort, il mourra.
C'est lui qui peut en décider, je vous le
répète, ni vous ni moi. C'est très dur pour l'entourage
mais il faut que cela passe par lui.
Si quelqu'un veut passer par la fenêtre, vous
l'enfermez pour l'empêcher de sauter.
C'est une autre procédure, je ne pense pas
qu'elle concerne votre fils.

En conclusion: J'ai vraiment beaucoup aimé lire ce témoignage, j'ai été touchée par ce combat quotidien de cette maman qui lutte avec acharnement pour sauver son fils, qui baisse parfois les bras mais que l'amour remet en scène très rapidement.
Un livre dur et tendre à la fois, une lecture bourrée d'émotions que je conseille vraiment. Un livre qui prouve que l'addiction quelle qu’elle soit peut être destructrice.


www.editions-pygmalion.fr/Catalogue/hors-/romans/cest-toi-le-chat

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