Harcèlement de Guy Jimenes

 

Harcèlement de Guy Jimenes

Ma Note: 10/10

Broché: 192 pages
Éditeur : Oskar
Parution : 23 aout 2011
Collection : OSKAR Littérature

Description :

 Valentin est seul. Seul dans un collège où aucun professeur, aucun éducateur ne s'est aperçu de sa souffrance. Seul dans une classe où tous les élèves savent, mais ne disent rien. Seul face à la violence sournoise de celui qui aurait pu être un ami... Comment se défendre alors, quand on a perdu tout espoir, comment s en sortir quand on a perdu le goût de vivre ?

Mon avis: Voici un excellent livre que je viens de terminer sur le harcèlement à l'école, un livre des plus réaliste écrit à plusieurs voix qui ne peut laisser pas indifférent le lecteur.

Du coté de l'histoire :

Cette histoire nous conte des évènements qui se sont passés deux ans auparavant dans un collège tout à fait ordinaire. Valentin est nouveau, il essaie de se faire des copains mais Bastien et Karim qui lui paraissent sympathiques au début se retournent très vite contre lui car il est un peu énervant. Ce dernier devient alors leur bouc émissaire. Il subit des brimades qui escaladent en violence et il se met de plus en plus en retrait, petit à petit il s'éteint.

Personne ne s'en rend compte, ou plutôt, personne ne devine ce qui ne va pas, ni ses parents, ni ses professeurs, ni le principal.mais les autres élèves, eux, savent très bien ce qui se passe. Il y a un ceux qui participent activement à ce harcèlement et ceux qui le tolèrent.

Du coté de l'écriture: L'originalité de cette  histoire c'est que  le narrateur entrecoupe son histoire avec la déposition  des différents protagonistes ( élèves, parents et enseignants, mais jamais nous entendrons Valentin dans ces dépositions...) Deux années après ils donnent tous leur point de vue à une psychologue qui effectue un mémoire sur le harcèlement scolaire. Elle ne parle jamais, on entend juste les voix des protagonistes qui déroulent petit à petit l'année scolaire durant laquelle Valentin a souffert en silence. L'écriture est prenante, envoûtante et haletante , j'ai dévoré ce livres en à peine deux soirées tellement j'étais prise par la triste histoire de ce jeune garçon 

En conclusion : Ce récit est une véritable autopsie d'un "harcèlement" scolaire dont l'issue, plus qu' imprévisible nous surprend autant qu'elle nous bouleverse. C'est un livre à lire absolument et un auteur avec une belle écriture à découvrir d'urgence.
Voici un livre à proposer à tout le monde. Aux adultes en contact avec des adolescents, pour qu'ils sachent déceler les signes de la souffrance causée par le harcèlement, Et aux plus jeunes pour qu'ils réagissent et qu'ils trouvent les mots pour parler de leur souffrance. 

Extraits : 

Valentin ne réagit plus top aux brimades de Bastien depuis que quelques profs lui ont fait remarquer qu'on n'entendait que lui et qu'il bavardait décidément trop.
Au fond, Valentin sait bien que ce n'est pas la vraie raison, pas la seule en tout cas. S'il ne dénonce pas son voisin, c'est aussi parce que les profs adorent Bastien... Mais c'est surtout qu'il a peur de cette main que Bastien vient de temps en temps poser sur sa jambe pour la serrer juste au-dessus du genou. 

Et pour être stimulé, Valentin l'a été. Par Stimulator en personne. Persecutor. Et il m'arrivait d'être fascinée par le talent de dissimulateur (Dissimulator !) de Bastien. Il y aurait de quoi chauffer la ville pendant dix ans avec les crayons à papier qu'il sortait négligemment de la trousse de Valentin et qu'il ne lui rendait qu'après les avoir brisés en deux. On pourrait caler toutes les vieilles armoires bancales de la région avec les gommes "empruntées" à Valentin et restituées à leur propriétaire débitées à coups de ciseaux, en deux ou quatre morceaux.
Si l'encre pouvait faire avancer les voitures, on roulerait jusqu'à la fin des jours avec le contenu des cartouches que Bastien vidait dans les affaires de Valentin, dans sa trousse, dans son cartable, dans ses poches, dans son cou...
Il avait l'art de s'arrêter au bon moment pour n'être pas pris en faute. Jamais rien de trop. Et surtout, sa victime ne protestait pas, ne protestait plus. 

Cette lecture fait partie de mon challenge Jeunesse/Young Adult [2013-2014]